Le style Shotokai
 Maître Shigeru Egami |
 Maître Shigeru Egami |
En 1935 les élèves de Maître Funakoshi créent
une association destinée à soutenir leur professeur, elle
prit le nom de shotokai (kai=association). A la mort de Maître Funakoshi,
un de ses élèves, Maître Egami poursuit ses recherches,
son style prend le nom de shotokai. Il provient directement de l'enseignement
de Maître Funakoshi, la décontraction y joue un rôle
primordial. Dans cet esprit, l'essence du karate est de n'opposer aucune
résistance mentale à l'attaque du partenaire. Le but de l'entraînement
est d'arriver à un degré de non-résistance mentale
qui se transforme en une sorte de perception consciente, l'écran
que forment le calcul et les réactions mentales habituelles liées
à la peur ou au simple instinct de préservation est si totalement
effacé, la sensation de ce que va décider ou faire l'adversaire
est à ce point immédiate et instinctive, que la riposte part
sur le champ. Il faut éviter la facilité. Il faut se surpasser
dans l'effort, aller sans cesse au-delà de ses limites. L'entraînement
vise à dépasser la force physique ou musculaire pure, pour
Maître Egami casser des planches est sans intérêt. L'objectif
est d'harmoniser le corps et l'esprit, afin d'arriver à l'efficacité
maximum.
Maître Egami a abouti au style Shotokai en partant du constat que les karatékas n’utilisaient que la force physique et en particulier étaient beaucoup trop contractés. Sa volonté n’était pas d’en faire un nouveau style mais plutôt un laboratoire de recherche où les choses ne seraient pas figées mais en constante une évolution. C’est dans cet esprit qu’a oeuvré Maître Murakami en donnant sa propre vision du Shotokai et c’est également sur ce principe que Patrick Herbert a développé le Shotokai au sein de KDSE.
Le style shotokai est caractérisé par des positions très
basses (pour Maître Egami seul un amateur peut penser qu'une position
basse n'est pas adaptée au combat), une décontraction totale
conduisant à une amplification des techniques. Le déroulement
des katas se fait dans un enchaînement fluide des mouvements, il
n'y a pas de temps marqués. L'importance de la poussée du
corps est soulignée. L'idée consiste à traverser le
corps de l'adversaire avec toute son énergie. Tout est basé
sur une attaque unique.
Il n'y a pas de compétition, Maître Funakoshi était
opposé à la compétition car pour lui la pratique du
karate ne constituait en aucune manière un jeu. La recherche de
l'harmonie entre les partenaires, de l'harmonisation du corps et de l'esprit
sont les buts essentiels de la pratique du karate. Cette harmonisation
permet d'arriver à l'anticipation, à l'idée d'"irimi",
il s'agit d'anticiper et d'entrer dans le partenaire, on ne recule jamais.
Lorsqu'on pratique le karate-do, l'important est de n'être qu'un
avec son partenaire, de bouger et de progresser ensemble. En karate-do
il n'y a jamais d'homme fort ou d'homme faible, l'essence de l'art est
la coopération mutuelle, c'est son but. Lorsqu'on execute un kata
il faut commencer par un salut et terminer par un salut, ne jamais être
ni arrogant ni servile. Du début à la fin, le kata doit être
exécuté de façon naturelle avec humilité, de
manière fluide en recherchant la continuité des mouvements.
Sans un esprit clair et souple, le corps ne peut être souple.
Tout ceci se traduit par une grande mobilité et une spontanéité
des gestes. La plupart des techniques utilisent le poing du démon
"nakadaka- ken", c'est à dire le poing fermé, la deuxième
phalange du majeur dépassant.
Pour utiliser les poings avec efficacité, deux choses sont essentielles
d'une part la relaxation, d'autre part la concentration de la puissance.
Si le corps est tendu et rigide, la puissance contenue dans les coudes,
les épaules, l'estomac, les hanches et les jambes ne peut être
libérée.
Le karate do Shotokai est un moyen de développer l'individu
à la fois sur le plan physique (maîtrise du corps, meilleur
coordination, respiration, énergie) et sur le plan mental (concentration,
conscience du mouvement, efficacité).
Dans les principes de base que chacun doit garder à l’esprit on retient :
- la recherche de mouvements souples et fluides
- on recherche la force à travers la souplesse
- on recherche la détente et la coordination
- des positions basses et amples effectuées de profil
- exécuter de grands déplacements du corps
- dans les katas cela doit se traduire par une exécution fluide en recherchant la continuité des mouvements
- dans le kumité (en particulier ippon kumité) on ne cherche pas l’opposition, on travaille dans l’esprit du “sen non sen” (l'attaque doit être anticipée pour que la contre-attaque se fasse dans le même temps que l'attaque). On recherche l’harmonie et la communication avec le partenaire.
- la répétition du mouvement doit venir après la compréhension, souvent en Shotokai on demande aux élèves de se faire une “image mentale” du mouvement à exécuter et de travailler sur cette image
- Autre définition du Shotokai : voie de la souplesse et de l’harmonie
- relâchement des épaules et de la poitrine
De la coordination ...
- la coordination c’est le résultat de combiner la participation de plusieurs parties du corps à un mouvement donné
- 2 phrases de Patrick Herbert à retenir qui montrent le chemin à suivre :
- il ne peut y avoir de bonne coordination si le corps n'est pas souple
- il ne peut y avoir de mouvement souple et efficace sans une bonne coordination
- l’augmentation de la vitesse et de la puissance dépendent d’une meilleure coordination
- pour bien développer une technique, il faut bien comprendre non seulement le point de départ et le point d’arrivée mais surtout comprendre tout ce qui se passe entre ces deux points.
Quelques pistes de travail
- Le déplacement doit se faire en gardant l’idée du relâchement,
- l’efficacité résulte de l’association : technique + intention + relâchement
- on insiste sur la cohérence entre l’intention et le mouvement
- il faut appliquer les principes de rondeur, de la sphère les bras sont non-tendus (exemple frappant dans uchi-uke),
- coudes détachés du corps
- le dos est plutôt rond, pas creusé entre les omoplates
- tout le corps doit bouger en même temps
- il n’y a de tension du corps qu’au moment de l’impact, que ce soit en attaque ou en défense